Stroszek ou La Ballade de Bruno de Werner Herzog

Je me permets de prendre la parole (c'est mon touuur) pour présenter un film qui me tient à coeur : Stroszek.

Film allemand de 1977, ce film se veut engager contre la propagande du dit rêve américain.
Brève description : Le rêve américain se définit comme un concept; l'homme modeste partant de rien, sans un sou, qui par le courage, la force et l'endurance arrive à devenir riche et prospère. Ce rêve américain a été très utilisé pour stimuler la migration du monde entier vers les Etats-Unis. En somme, les indiens furent colonisés et pris comme esclaves des populations venues s'installer. La ville de Chicago a été un exemple de sociologie, pouvoir étudier les rapports inter-humains entre différentes communautés.(1) Pour citer un exemple, j'ai vu un reportage sur Joe Dassin, son père a voulu tenter ce rêve. Coiffeur en France, immigrant, il est resté coiffeur aux USA.

Werner Herzog nous propose ici l'histoire de Bruno, un allemand tout juste sorti d'un asile psychiatrique qui décide de partir vers l'Amérique pour réaliser le rêve américain.
Bruno, la trentaine, musicien chanteur, a deux "amis", l'une prostituée et un plus âgé. Tous trois, sans boulot, trouvent la vie allemande cruelle et leurs relations externes déplorables. Dans plusieurs catalogues, la vie américaine est considérée comme unique et bien-faisante. Bruno, alcoolique, pauvre, mendiant avec son accordéon n'a rien à perdre. Il décide de partir avec ses deux acolytes pour tenter leur chance et accomplir ce rêve américain qu'on parle tant. Bien sûr, à leur arrivée sur place, le rêve prend une tout autre tournure.

Je vous laisse déguster la suite de ce film, qui pour moi, dépeint avec vigueur une amérique hostile à l'égard des différents peuples du monde. Oeuvre satirique, l'interprétation est superbe. Bien qu'acteur non professionnel, Bruno Schleinstein est très bien encadré par Herzog, qui arrive à le faire jouer et à faire que le spectateur ressente tout le mal-être qu'il porte en lui (il est orphelin dans sa vraie vie). Le film se tâtonne entre la fiction et le documentaire, ce qui accentue tout le côté réaliste et hypocrite de la vie qui nous est proposée. J'aime énormément Herzog pour sa prise de position virulente, il est engagé et ça se sent. Il apporte une minutie au film, et nous donne un certain malaise en montrant du doigt la société dans laquelle nous vivons. Il nous appelle à ouvrir les yeux sur les coulisses d'un monde, de voir ce que l'on ne veut pas voir, ce que l'on préfère oublier.

Une scène transcendante du film :


Allusion pas des moindres, Ian Curtis, chanteur du groupe Joy Division, a regardé ce film avant de se suicider.

Bruno Schleinstein est décédé en aout dernier à l'âge de 69ans (RIP), il est aussi acteur principal d'un autre film de Herzog, l'énigme de Kaspar Hauser, j'en ferai sa chronique plus tard.


Note :

(1) Bien sûr, cette étude sociologique n'est pas dans un but de comprendre, mais bien de comprendre pour mieux manipuler. Tout comme faisait les patrons de mines ici en Europe (le commencement de la socio).

je suis en train de regarder le film et qu'est ce que je remarque :


à +/- 16:20, les paroles m'ont directement tiltées, on retrouve ce passage dans une chanson de Ratatat ! j'ai trippé

EDIT : voilà je viens de le finir !

Finalement je trouve que la musique et le clip de ratatat vont bien dans l'esprit de ce film, à nous présenter des personnes qui sont la réelle conséquence de cet idéal américain, qui nous paraissent abjectes, rejetables, alors qu'au final, ce qu'on tente à rejeter d'eux c'est ce qu'on retrouve en nous (suffit de voir les commentaires de ce clip, la plupart d'entre eux tentent à affirmer l'aspect repoussant de ces personnes...)

Enfin personnellement je ne les ai pas trouvé repoussant, si je l'ai affirmé juste avant, c'est parce que c'est une tendance générale, mais justement moi je les trouves affreusement vrai. Oui ils ont des pauses hollywoodiennes, oui ils ont des têtes retouchées, maquillées etc, mais sommes-nous si différents dans nos attitudes, nos désirs d'apparence dans la vie de tous les jours ? Je ne pense pas...

En tout cas superbe film Vinc' merci de l'avoir conseillé ! Perso j'ai trouve le début assez impalpable, on ne sait pas trop où le réalisateur veut nous emmener, on suit la sortie de Bruno, mais bien qu'on comprenne assez vite dans quel milieu on se trouve, on ne voit pas directement le message que ce film veut transmettre pour moi. Et même quand ils partent en Amérique, on se dit que, voilà, il y avait les deux méchants en Allemagne, du coup ils vont aux states où là ils auront la paix, en trouvant la terre promise haha Et même une fois là-bas, il s'intègrent assez bien, tout se passe tranquillement. Franchement c'est ce que j'ai apprécié mais après-coup, cette perplexité qui n'a pour but que de nous détourner le regard de la chute qui vient petit à petit parasiter tout cet équilibre. On ne sait pas trop quand il a commencé à venir, mais là où j'ai réellement constaté ce déclin était quand Bruno montre une statuette censé représenter son âme à Eva. Et sinon ben la fin est juste géniale, fatalement naïve, et la scène du poulet en train de danser (pour ne citer que lui), m'a juste fait trembler de rage, la-dessus je ne vois qu'une seule réaction :


Sinon si je devais donner un point qui m'a un peu dérangé (après une seule vision, je n'en ai qu'un et vraiment pas très important), c'est la scène où Bruno part avec la dépanneuse. Celle sur l'autoroute dans le brouillard ca va, mais après avec la petite musique etc, j'ai trouvé ca un peu faible ^^ Mais c'est une scène très courte et vite cassée par l'arrivée au sandwich bar.

Enfin voilà une réaction faite intuitivement juste après la vision de ce film, je ne pense pas pouvoir être plus pertinent que ca